Un Afghan soupçonné des crimes de guerre arrêté aux Pays-Bas

La police a arrêté, mardi le 26 octobre, Sadeq A., un Afghan de 64 ans et de nationalité néerlandaise, à Rotterdam, son domicile. L’homme est soupçonné d’avoir commis de crimes de guerre en Afghanistan en 1979. Le juge d’instruction a, aujourd’hui, prolongé la détention provisoire de l’homme de 14 jours.

L’ancien commandant du groupe commando 444 de l’armée nationale de l’Afghanistan, Sadeq A. aurait été impliqué dans des meurtres qui ont eu lieu à Kerala, quartier résidentiel d’Asadabad, ville principale de la province Kunar.

Meurtres

Le groupe commando, commandé par Sadeq A., a participé à plusieurs meurtres. Le Néerlandais d’origine afghan aurait également tiré lui-même. L’ancienne unité d’élite du régime communiste qu’il dirigeait aurait été impliquée dans la riposte d’une attaque à la ville principale de la province par les Mujahedin la nuit du 19 au 20 avril 1979. Après cette attaque, des militaires de l’armée nationale de l’Afghanistan auraient enlevé à grande échelle des (jeunes) hommes de leurs habitations. Ils furent ensuite tués. Plusieurs de ses hommes aurait été fusillé à l’endroit même alors que des autres furent emmenaient par les soldats. Ils furent tués ailleurs.

Un certain nombre de jeunes ont survécu à la séquestration et sont libérés le lendemain. Parmi eux il y’avait deux jeunes hommes, âgés de quinze ans à l’époque, qui ont témoigné qu’ils étaient, eux aussi, enlignés par les militaires. Ils sont enfin sauvés, disent-ils, parce qu’ils avaient l’air jeune. Par contre, le père de l’un de ces jeunes hommes, ainsi que le frère aîné et l’oncle de l’autre jeune homme, ont été tués.

Après ces événements meurtriers les femmes et les enfants qui restèrent derrière ont quitté le quartier de Kerala. Pendant des années leurs maisons sont restées vides, abandonnées.

Pays-Bas

Lorsque l’Union soviétique envahissait l’Afghanistan en 1979, le régime dont A. faisait partie tomba et A. lui-même fut mis en prison. En 1990, après le changement politique, A. fut libéré. Il s’installa enfin aux Pays-Bas où dans les années quatre-vingt-dix sa demande d’asile est accordée. Plus tard il obtint la nationalité néerlandaise.

Enquête

Sur la base des déclarations de proches parents, l’Équipe Crimes Internationaux de la police néerlandaise a commencé une enquête pénale à son égard. 
Dans le cadre de cette enquête des témoins ont été entendus : des habitants d’Asadabad, des anciens combattants Mujahedin, des membres du parti de A. et des militaires de l’ancienne armée de l’Afghanistan, parmi d’autres témoins.
Le 8 avril 2015, quatre maisons et un véhicule sont fouillés à Rotterdam, Bussum, Wateringen et Dordrecht (Pays-Bas). En plus, plusieurs personnes, dont des parents du prévenu, ont témoigné.

Guerre en Afghanistan

Le 27 avril 1978, le Parti Démocratique Populaire d’Afghanistan, parti communiste, a prit le pouvoir (Révolution de Saur). Pendant de longues années qui suivaient le pays fut ravagé par une guerre civile entre le régime communiste et les Mujahedin. Depuis lors, d’une guerre à l’autre, situation qui continue jusqu’à nos jours.

L’impunité indésirable

Depuis plus de 35 ans l’Afghanistan est en guerre. Car les auteurs des crimes de guerre ne doivent pas rester impunis, ce conflit continue à attirer l’attention du Ministère Publique aux Pays-Bas. Deux anciens généraux de l’armée nationale, à l’époque fonctionnaires du service de renseignement communément appelé KhAD, tous les deux résidant aux Pays-Bas, ont été déjà condamnés pour actes de torture. Une autre enquête ouverte pour des crimes de guerre et des disparitions forcées fut prématurément terminée en raison du décès du prévenu résidant aux Pays-Bas en 2013. Néanmoins l’enquête a démontré que des milliers de personnes ont été arrêtées et assassinées par le régime de l’époque en Afghanistan.

Les Pays-Bas ne veulent pas être un safe haven pour des criminels de guerre et s’efforcent de punir des crimes internationaux. Le combat contre l’impunité est également important pour la communauté d’Afghan, aussi bien en Afghanistan qu’à l’étranger. L’impunité ne fait que contribuer à la continuation des conflits. C’est pourquoi l’Équipe Crimes Internationaux s’engage fermement pour localiser et pour poursuivre des criminels de guerre, même si cela prend des années.

Appel

Le Ministère Publique aux Pays-Bas invite toute personne qui, le 20 avril 1979, a été à Kerala, Dam Kelai ou Assadabad et qui peut témoigner des événements pertinents, de contacter la police néerlandaise.
Des anciens militaires ou fonctionnaires afghans qui, à l’époque, ont été à l’endroit des crimes peuvent en particulier avoir de l’information importante pour l’enquête néerlandaise. Ces catégories de personnes sont priées de donner de l’information à la police néerlandaise. 
Pour joindre la police néerlandaise composez le +31-6-51287774, envoyez un e-mail à warcrimesunit@klpd.politie.nl ou consultez facebook www.facebook.com/dutcharrestkerala. Vous pouvez également envoyer un sms ou placez un ‘missed call’. Nous vous rappelons le plus vite possible.

Contact est possible en Dari, Pashtu, Anglais, Allemand ou Néerlandais.