Affaire pénale aux Pays-Bas concernant des crimes de guerre à grande échelle en Éthiopie
A partir du 30 octobre le tribunal de La Haye traitera une méga-affaire pénale sur une série de cas très graves de séquestrations, tortures et assassinats des opposants au régime révolutionnaire en Ethiopie dans les années soixante-dix.
Un homme âgé de 63 ans, de Amstelveen, est imputé de ces crimes. Il est soupçonné d’avoir représenté le régime du Derg du colonel Mengistu dans la province de Godjam, fin des années soixante-dix. Antérieurement en Éthiopie, il a été condamné par contumace à la peine de mort pour des assassinats des (prétendus) opposants au régime. Plus tard, il a également été condamné à la réclusion perpétuelle. Actuellement il se trouve déjà deux ans en détention provisoire aux Pays-Bas.
Depuis longtemps, l’homme réside aux Pays-Bas et entretemps il a obtenu la nationalité néerlandaise. Puisque le jugement éthiopien ne peut pas être exécuté ici, une nouvelle affaire pénale aux Pays-Bas est la meilleure option pour lui faire rendre compte de ses actes devant le juge. L’enquête préparatoire a été menée par l’Équipe des crimes internationaux de la police. L’affaire pénale a été saisie par le Parquet National du Ministère Public.
Crimes de guerre
Le suspect est poursuivi pour avoir commis des crimes de guerre, comme des privations arbitraires de liberté et des traitements inhumains ou cruels de civils et combattants qui avaient déjà déposé leurs armes ou avaient été mis hors combat. Sur la liste de victimes sur l’inculpation figurent les noms de 321 personnes.
De plus, il est reproché d’avoir commis des actes de torture allant jusqu'à entraîner des lésions corporelles graves et la mort des victimes. Selon des témoins, les actes de torture consistèrent de coups de pied et coups de poing et des personnes furent ligotées et pendues. Ils auraient été frappés avec des bâtons au visage et contre les pieds nus.
En août 1978, le suspect aurait ordonné de tuer 75 jeunes prisonniers. Ils auraient été tués dans une église. Selon des témoins, ensuite leurs corps ont été jetés dans une fosse commune.
Le quatrième et dernier fait sur l’inculpation se rapporte sur la séquestration et le traitement inhumain de 240 personnes. Ils auraient été humiliés, attentés dans la dignité des personnes et condamnés à des peines de prison sans aucune forme de procès. Selon diverses déclarations, les victimes furent détenues avec trop de personnes dans des espaces trop petits à l'abri de la lumière du jour. Ils n’existaient pas (ou pas suffisamment) d’équipements sanitaires, la nourriture et l’eau étaient mauvaise et sale et les soins médicaux manquaient.
La terreur rouge
En 1974, l’empereur Haïlé Sélassié fut renversé par un groupe de militaires du Derg. A l'issue d'une lutte de pouvoir interne, le colonel Mengistu a pris le pouvoir. Sous le régime de Mengistu, l’Éthiopie a connu une période de répression sanglante et de lutte qui a fait des milliers de victimes. La « terreur rouge » exercée par le régime fut accompagné par des arrestations massives, la torture et des meurtres commis par le gouvernement.
Témoins
Les déclarations d’une série de témoins ont été versées dans le dossier pénal. Il s’agit d’Éthiopiens vivant à l’étranger. Ils ont fait des déclarations à la police néerlandaise et après au juge d’instruction au sujet des crimes que le suspect est soupçonné de les avoir commis. Certains d’entre eux viendront aux Pays-Bas pour assister au procès.
Dans les deux ou trois premiers jours du procès, le tribunal parlera des faits imputés avec le suspect. Une journée est réservée pour les déclarations des victimes. Le réquisitoire des Procureurs du Roi est prévu dans la deuxième semaine de novembre. Ensuite les plaidoiries des avocats auront lieu. Il n’est pas encore connu quand le tribunal rendra un jugement.